Le rêve Américain
18:40 lundi 23 juin 2008Le sujet est forcément brulant puisque c'est la raison de notre présence ici, et je sais que nombre de personnes se posent la question : "Aller travailler aux USA, est ce que ça vaut le coup ? Qu'en est il vraiment du rêve Américain ?". C'est donc la question à laquelle nous allons tenter de répondre aujourd'hui, du haut de nos 5 petits mois d'expérience aux USA.
Devenir riche aux USA, c'est facile !
Oui, je sais, j'aime les titres accrocheurs. N'empêche que... Maintenant je dois m'expliquer. Le marché du travail aux USA est très très différent de ce que l'on peut connaître en France. Que celui qui s'est promené vingt minutes aux USA sans voir le moindre panneau "Hiring now" (on embauche) ou "Help wanted" (besoin d'aide) me jette la première pierre... De mémoire, je n'avais jamais vu ce genre de message en France autre que pour des jobs saisonniers. Le taux de chômage est faible aux USA et j'expliquerais ceci de la façon suivante :
- Les entreprises ne paient que très peu de taxes sur les salaires. Embaucher quelqu'un ne coûte pas cher. Il n'est pas rare de voir plus d'employés que de clients dans les magasins !
- Du coup, il y a des jobs par milliers. Ramasseur de caddies au supermarché, Monsieur "je dis bonjour/ au revoir" à l'entrée de Best Buy, Monsieur "je tiens une pancarte publicitaire au feu rouge". Je n'ai jamais vu de tel job en France, certes c'est pas le top, mais c'est du travail. Et puis, les magasins sont ouverts le week end, tard le soir en semaine (11 heures pour certains) donc ça créé des emplois.
- Il n'y a aucun intérêt à rester au chômage aux USA. D'une part, c'est limité à 6 mois, et d'autre part, travailler rapporte bien bien plus, dans une très grande majorité de cas (pas besoin de RSA).
- Les études payent. Le salaire va vraiment de pair avec le diplôme. Un bac + 5 ne peut pas gagner le SMIC aux USA, à moins de s'être fait rouler ! En tous cas, les gens trouveraient ça scandaleux.
Un critère important pèse dans la balance : la quasi absence de contrat de travail. N'importe qui peut être viré n'importe quand et sans motif préalable. C'est à double tranchant : un bon employé peut quitter l'entreprise du jour au lendemain sans avoir à rendre de comptes. Comment le retenir ? En lui offrant un gros salaire, tout simplement.
Et les impôts dans tout ça ?
Et bien, c'est similaire à notre sytème Français. Ou pas... Si je prend mon exemple personnel, 25 à 30% de mon salaire sont prélevés chaque mois en impôts divers. Mais c'est là le cas précis du New Jersey et il est possible que certains états soient meilleurs ou moins bons... Le point positif, c'est que cela inclue l'impôt sur le revenu. Pas besoin d'économiser un mois de salaire pour le redonner à l'état en Septembre. Les points négatifs, c'est que cela n'inclue pas la retraite ni la sécurité sociale. A vous de vous débrouiller !
Certaines sociétés, comme la mienne, proposent néanmoins une sorte d'assurance maladie (de 150 à 300 dollars par mois) qui permettent a priori d'avoir la même efficacité que le système Français (pas encore testé !). Il en est de même pour la retraite, vous pouvez faire des placements en actions et gagner (ou perdre) beaucoup. L'avantage est que chacun gère comme il le veut. L'inconvénient est que la plupart des Américains y pensent bien trop tard, ce qui explique qu'il n'est pas rare, bien au contraire, de voir travailler des personnes qui ont plus de 70 ans !
Ciel, mes vacances
Bon d'accord, je n'ai que 17 jours de vacances par an, ce qui est apparemment la norme Américaine lorsque l'on débute dans la vie professionnelle ( je suis un jeune diplômé de 2006). En plus, il y a moins de jours de congés et ils sont super mal répartis (2 pour Thanksgiving, 2 pour Noël, le jour de l'an, puis 3 autres dans l'année et c'est tout !). Et puis la norme est de 40 heures de travail par semaine, pas 35. Mais ce n'est pas vraiment un problème, car je n'ai pas l'impression que travailler aux USA soit "stressant" ou "exigeant" au point d'avoir davantage de congés.
Des exemples au tractopelle :
- Il m'est arrivé d'attendre 10 minutes au garage avant que des mécanos touchent à ma voiture. Ils étaient 3 ou 4 à jouer avec leurs téléphones portables dans un coin, ce qui aurait probablement duré si ils ne m'avaient pas vu en train de les surveiller depuis la salle d'attente !
- Lors de notre visite au bureau de la sécurité sociale, et après avoir patienté 45 minutes, notre agent de relocation s'impose à un guichet pour demander quelle était la raison qui faisait que toutes les personnes arrivées après nous étaient déjà reparties. Le monsieur au guichet avait juste oublié notre dossier...
- Après avoir commandé un filtre à air pour mon auto sur Internet, et reçu un filtre de transmission, j'en ai demandé l'échange et ai fait le retour en magasin. Ceci m'a valu non seulement de recevoir la bonne pièce mais en plus d'être remboursé du prix d'achat... Deux erreurs sur une seule et même commande. Pas mal !
- Juste après avoir fait une vidange du liquide de refroidissement de mon auto, le voyant dudit liquide s'allume au démarrage ! Je retourne au garage furax : ils avaient mis juste le niveau de liquide pour atteindre le minimum du réservoir. Même pas besoin de s'énerver, sans vérifier mes dires le mécano ouvre le capot et me fait le plein de liquide de refroidissement gratis. Thanks !
Conclusion
La définition du rêve Américain (selon Wikipédia) est l'idée selon laquelle n'importe quelle personne vivant aux États-Unis peut, par son travail, son courage et sa détermination, devenir prospère.
Je n'ai jamais eu ce sentiment là en France, à tort, peut être. Un collègue lui aussi expatrié m'a fait part de l'expérience de ses camarades de promotion aux USA, tous devenus ingénieurs. Les plus rusés gagnent 120 000 dollars bruts par an, avec pas mal de contraintes certes (survivre à New York City le jour, en habiter loin la nuit), mais ils y arrivent. Tout est question de volonté et de détermination.
En tous cas, il n'est pas étonnant d'assister à la fuite des jeunes diplômés Français vers l'étranger en général, les USA en particulier... Même si les salaires ici sont tellement démesurés que cela en deviendrait presque écœurant, je pense qu'il y a un juste milieu que l'Europe pourrait essayer de trouver...
Cette histoire de reve americain, je sais pas trop... Ca depend de tellement de choses, en plus.
Je dirais, de MA fenetre, qu'il y a beaucoup d'emplois mais beaucoup de PETITS emplois et donc beaucoup de gens qui doivent jongler avec 2-3 emplois pour s'en sortir (dont les "petits vieux" dont tu parles).
Je dis toujours qu'il faut gagner BEAUCOUP, ici, pour vivre bien - sans meme faire de folies. Je sais pas... C'est ce que je ressens.
Bisous !
Stephanie (Philadelphie) 24 juin 2008 à 16:28
J'adore vous lire, merci pour cet apercu de la vie aux USA.
Anonyme 25 juin 2008 à 17:44
Aline : Thank you !
Stephanie : Effectivement, il faut gagner "beaucoup" pour vivre bien, mais c'est a priori le cas de beaucoup de monde aux USA. Il ne se passe pas un jour sans que je voie une limousine sur la route...
Je remarque que j'ai oublie pas mal de choses dans cet article mais j'en consacrerai probablement un complet juste pour les salaires.
Alain Chautard 25 juin 2008 à 20:04
Alain, tu ne peux pas tout dire en un article, c'est normal ! Y'a pas d'mal !!
:-)
Mais, pour les limousines, ce sont seulement des locations, non ?? Ca se fait beaucoup, ici, et pas forcement par des gens super riches : par des gens "ordinaires" mais qui fetent un evenement important et veulent justement "jouer aux riches" le temps d'une journee ; je crois que ce n'est pas hyper cher, la location (surtout a plusieurs !).
Enfin, je crois !
Bisous !
PS : Ah oui, je repensais aussi a ca, hier : le "SMIC", ici, est tres bas et beaucoup d'emplois ne payent guere plus que ce minimum ; surtout, je crois, les petits boulots qui sont recherches dans les vitrines de certains magasins. Il y en a pas mal, ca bouge beaucoup, mais peut-etre, justement, parce que ca ne paye pas bien et que c'est quelque chose que tu ne peux pas faire longtemps ??
(A y est, je me tais !!)
Stephanie (Philadelphie) 26 juin 2008 à 16:23
Je suis une canadienne - qui a vecu 12 ans au E.Unis - et maintenant, j'habite Paris. Je peux te dire que ce n'est pas 'un erreur', de te rembourser, ca s'appelle du service a la clientele. Quelque chose qui me manquent ENORMEMENT ici en France - vu qu'il y en a pas.
C'est bien de se faire traiter avec respect et courtoisie, non? Encore, quelque chose qui me manquent beaucoup, ici, a Paris!
Anonyme 6 avril 2009 à 06:55