John Q est un film Américain de 2002. En quelques mots, John Q est le père d'un petit Michael qui un jour s'écroule sur un terrain de baseball victime d'un malaise cardiaque. Il s'avère que le malaise est dû à une malformation qui nécessite une transplantation cardiaque en extrême urgence. Abandonné par son assurance, l'hôpital et tout un système de santé, John Q doit trouver 250 000 dollars pour financer l'opération...

Sicko est un documentaire Américain de 2007 réalisé par Michael Moore (Bowling for Columbine, Fahrenheit 911...) et montrant la faillite complète du système de santé Américain, un système dans lequel chaque habitant dépense en moyenne 7000 dollars par an pour se soigner.
On y voit notamment un couple de personnes âgées qui doivent vendre leur maison et aller vivre chez leurs enfants pour pouvoir continuer de payer leurs factures médicales, ou encore un golfeur Canadien, qui, blessé au bras en Floride, a dû prendre l'avion pour se faire soigner au Canada plutôt que de débourser les 60 000 dollars qui lui étaient demandés afin de le remettre sur pieds en Floride...

Un film et un documentaire largement recommandés, même si ça fait vraiment peur... Chose amusante, nous avons regardé Sicko le soir de mes premiers matchs aux US, et le lendemain matin j'étais malade ! Pas de bol, et surtout plus vraiment envie d'aller voir le docteur !
Alors je serre les dents le Lundi et passe une nuit pratiquement blanche, avec 40 de fièvre. Mais je veux que ça passe, parce qu'il n'y a pas moyen, je n'irai pas chez le docteur aux US ! Mardi, pas mieux, voire pire. Re-nuit blanche. A trois heures du mat', c'est décidé, j'envoie un e-mail pour dire que je n'irai pas travailler ce jour là. A la place, nous allons... chez le docteur. Plus le choix, là je suis vraiment cuit et j'en ai même du mal à marcher et à parler...
Le parcours du patient combattant
10h00 : Je cherche sur Internet la liste des docteurs faisant partie du réseau couvert par mon assurance, sinon ça ne marchera pas et je ne veux pas faire comme John Q. Alors je note deux ou trois adresses.
10h30 : Nous voici chez le premier docteur de la liste. Salle d'attente vide, trois assistantes s'affairent de l'autre côté d'une vitre. L'une d'entre elles ouvre, je lui explique que je voudrais un rendez vous. Elle me demande alors ma carte d'assuré.
Voyant dessus qu'il faut que l'on sélectionne un médecin traitant, elle me la rend et dit qu'il faut d'abord que je règle ça avec mon assurance. En plus, ses 3 docteurs ne sont pas là le troisième mercredi du mois donc il n'y a pas de rendez vous possible pour aujourd'hui !
10h45 : J'appelle mon assurance pour sélectionner un médecin traitant que je ne connais pas, puisque c'est la procédure. Je tombe sur un robot qui me demande de m'annoncer. Comment ce malin peut il espérer reconnaître un nom et un prénom étrangers, prononcés par le même étranger à la voix malade et qui commence déjà à s'impatienter ?
Bien sûr, la reconnaissance vocale échoue alors je dois épeler lettre par lettre. Cette fois ça marche. Puis pareil avec numéro de sécu, date de naissance... Après de nombreux essais et 10 minutes à écouter la musique d'attente, je suis en contact avec quelqu'un !
11h00 : Je demande au gentil monsieur de me donner l'adresse du médecin le plus proche de mon domicile. Il m'en trouve un mais m'annonce que finalement celui ci n'accepte plus de nouveaux clients. Il m'en donne alors un deuxième. Bingo, ça semble coller.
Mauvaise nouvelle, je n'ai pas donné la bonne date de naissance pour Adeline, alors il ne peut pas traiter ma requête. Puis il réalise que si je suis né en 82, que je lui dis qu'Adeline est née en 82, mais que la date dans son sytème est 1952, alors le problème vient peut être du système et pas de nous. Donc il modifie le système et je peux aller voir le docteur. On va y arriver...
11h30 : Arrivée au cabinet du docteur où la salle d'attente est vide. Je montre ma carte d'assuré, la dame s'apprête à me dire que je n'ai pas sélectionné de médecin traitant alors je la coupe net et je lui dis que je viens d'appeler l'assurance. Elle ne vérifie même pas mais m'annonce que pour les nouveaux clients cela peut prendre plusieurs semaines avant d'avoir un rendez vous !
Êtes vous malade ? Me demande t'elle alors. Nan, je viens pour faire un tennis, c****** ! Il s'avère que si je suis malade, je peux peut être avoir un rendez vous le jour même. Elle va vérifier et me donne un dossier de plusieurs pages à compléter en attendant.
11h45 : Je suis toujours en train de remplir mon dossier et c'est un véritable bonheur. Les premières pages servent à décharger le docteur de toute responsabilité. En gros, "je certifie que je n'attaquerai jamais mon médecin en justice parce que si il se trompe c'est peut être pas de sa faute". Bienvenue au cœur du 37ème système de santé au monde, classé derrière Malte et Singapour, s'il vous plaît.
Ensuite, on a le droit au dossier médical. Quelques questions choisies :
- Êtes vous sexuellement actif ? Si oui, hétéro, homo, ou bisexuel ?
- Avez vous plusieurs partenaires ?
- Portez vous votre ceinture de sécurité ? Un casque de vélo ?
- Utilisez vous de la cocaïne, marijuana ou amphétamines ?
- Avez vous un testament ?
11h45 : J'en ai fini avec mon questionnaire, devant entre autres énoncer tous mes vaccins et toutes les causes de décès non naturels dans la famille. Si j'ai commis la moindre erreur ou omis la moindre chose, le docteur et l'assurance pourront se retourner contre moi, me refuser des soins et tout simplement me radier du système de santé US. Rien que ça. La bonne nouvelle, c'est que j'ai un rendez vous à 14h15. Inespéré !
Je vais me faire soigner !14h15 : La ponctualité est de rigueur aux US donc je suis admis dans une petite salle de soins où une assistante me pèse, prend ma température et me pose trois questions avant de m'abandonner dans la salle. Elle ne voulait pas accepter le fait qu'un Français ne boive pas de vin et ne fume pas. Ah ces préjugés... Est ce que je dis que tous les Américains mangent des hamburgers et boivent du coca, moi ?
Ah ben oui. Mais ça c'est vrai, aussi.
14h45 : Trente minutes plus tard, le docteur arrive, c'est une dame et elle a un accent des pays de l'Est de l'Europe. Je ne sais pas pourquoi mais quelque part ça me rassure un peu. Elle me pose des questions, me fait tirer la langue, une consultation très similaire à ce que l'on a en France, au final. La seule différence, c'est que je n'ai pas retiré un vêtement dans le processus. Si elle arrive à écouter mon cœur à travers trois épaisseurs de vêtements, ça ira comme ça.
Elle me demande alors ce que je faisais lorsque j'étais malade en France. Je lui explique que j'allais chez le docteur et qu'il me donnait des médicaments. Elle n'a pas l'air satisfaite de ma réponse. J'ai l'impression qu'elle essaie de demander "
comment te serais tu guéri tout seul" mais je ne sais que lui répondre que bénéficiant d'un service de santé pratiquement gratuit en France, j'allais chez le docteur et il me guérissait.
Bref, elle m'écrit une liste de médicaments à acheter, me donne des échantillons gratuits et des recommandations.
15h30 : Nous faisons nos courses à
Shop Rite, notre supermarché favori, et je me promène dans le rayon pharmacie pour trouver ce que j'ai sur ma liste. En effet, je n'ai pas d'ordonnance, mais une liste de recommandations, et puis aux US la pharmacie est un rayon presque comme un autre dans un supermarché.
Là où je voyais initialement une espèce d'arnaque pour ne pas impliquer l'assurance et donc être bien vue par le réseau, je me rend compte qu'en fait l'absence d'ordonnance se justifie par le coût dérisoire de ce que je dois acheter, inférieur aux "franchises" habituelles. Coût total des opérations : 30 dollars pour le médecin et les médicaments (sans assurance, la seule consultation coûte 150 dollars, ce qui est le tarif pour 50 millions d'Américains).
Conclusion : La fièvre est rapidement passée et j'ai pu retourner au travail le lendemain. J'ai toujours le nez qui coule, la gorge qui pique un peu et je tousse pas mal, mais il paraît que c'est normal car ça devrait durer entre 7 et 10 jours... Ca fera 7 demain ! Il semblerait qu'en plus, ce soient les échantillons qui aient fait la différence, car le reste n'était pas vraiment différent de ce que je prenais déjà à la maison. Merci, docteur !
Au final, j'ai obtenu un rendez vous en quatre heures, je serai soigné en moins d'une semaine si tout se passe bien. Ce n'est pas la France, qui a les
meilleurs soins au monde (étude de l'OMS) et la 5ème plus longue
espérance de vie qui est supérieure de 3 ans à celle des USA (29ème), mais après avoir vu ce que j'ai vu dans les films précédents, je m'estime plutôt heureux !
Il faut enfin finir sur le fait que les assurances complémentaires santé sont tout aussi indispensables qu'hors de prix. Chaque année, 18 000 Américains meurent faute d'assurance suffisante. Pas d'argent, pas de soins, pas de pitié ! Et vive le capitalisme !
Si vous voulez savoir comment tout ceci est possible, regardez Sicko, qui couvre remarquablement bien le sujet. Et puis, Michael Moore a un grand sens de l'humour ! Le passage à
Guantanamo est excellent.