Dutch Pennsylvania

20:08 lundi 4 août 2008

Après la randonnée à Valley Forge National Park, nous avons pris la route de Lancaster et de la "Dutch Pennsylvania". Petite précision à toutes fins utiles : Toutes les photos qui suivent ont été prises par nous mêmes et les gens ne sont pas des acteurs, pas cette fois ci !

Tout a commencé en 1681 lorsque William Penn, fondateur de Philadelphie ("la ville de l'amour fraternel") et de ce qui deviendra la Pennsylvanie, décide que ce territoire laissera place à une société idéale accueillant des personnes de tous les horizons à la condition expresse que le maître mot soit la tolérance et le respect des croyances et origines de chacun.

C'est ainsi que plusieurs communautés chrétiennes Européennes anabaptistes (qui prônent un baptême volontaire et conscient autour de l'âge de la majorité), chassées de leurs pays à cause de leur différence de croyance, trouvent refuge en Pennsylvanie. Ainsi de nombreuses communautés Amish, Mennonites et Brethren ont quitté la Suisse et l'Allemagne pour s'installer dans le comté de Lancaster, région aujourd'hui connue sous le nom de Pennsylvania Dutch Country.

Premier contact...

Après quelques erreurs d'aiguillage probablement dues à la fatigue, nous arrivons dans le secteur de Lancaster vers 19h30. Le paysage est très vert, agricole avec de très nombreuses fermes. La limite de vitesse sur la highway devient très basse (35 mph = 56 km/h) alors que nous rencontrons notre premier panneau :


Attention aux buggys

En effet, le point le plus important volontairement omis jusqu'alors est que la communauté Amish refuse de faire part de notre société de consommation et vit donc dans un monde à part, sans électricité, sans téléphone et sans voiture et en refusant toute forme de progrès qui leur faciliterait la vie et serait donc contraire à leur interprétation très stricte de la Bible.

Nous dépassons donc les chevaux et les carrioles Amish (appelées buggys) sur la route et bien que nous étions avertis, l'expérience demeure quelque chose d'unique, un véritable exemple de tolérance qui permet à cette communauté de vivre en liberté avec ses propres convictions.

Un buggy Amish

Après avoir dépassé et croisé quelques buggys Amish, nous arrivons sur Lancaster. Et là, c'est vraiment navrant : Quel désolant spectacle que de voir les hôtels, motels, restaurants, centres commerciaux et même parcs d'attractions se succéder sur plusieurs kilomètres au milieu de la campagne afin d'attraper les touristes venus découvrir la région Amish. Il ne manque quasiment que les néons et les casinos...

Malgré tout, il suffit de quitter la route principale et une petite centaine de mètres suffisent pour ne plus voir les enseignes et se retrouver au milieu des champs avec les fermes Amishs et mieux comprendre leur refus d'une société dite "civilisée" mais parfois vraiment ridicule.

Lancaster

Après avoir trouvé un hôtel avec quelques chambres libres, nous nous dirigeons vers Lancaster pour aller au restaurant. Grosse déception : C'est vieillot, pas joli, très pauvre et plein de gens louches. A classer dans la même catégorie que Trenton et Buffalo : pas un compliment !

Nous quittons rapidement la ville pour se rabattre sur un Friendly's près de l'hôtel. Une nuit reposante et un ptit dej rapide plus tard, nous prenons la route du VRAI pays Amish.



Strasburg

Dimanche matin, profitant d'un formidable ciel bleu, nous nous rendons à Strasburg qui a une petite gare avec des trains à vapeur proposant un voyage dans le passé au milieu de la campagne Amish. Très joli et très prisé, nous avons passé une bonne heure à voir les mécanos préparer les locomotives, manoeuvrer, etc... C'était très sympa.


Attention le train arrive

Ensuite, direction un village Amish reconstitué permettant de visiter une habitation et d'apprendre tout un tas de choses sur le style de vie Amish :




A l'intérieur de la maison

La visite était très intéressante. Nous y avons appris que les Amish parlent un vieil Allemand proche de l'Alsacien mais qu'ils apprennent l'Anglais dans leur propre système d'écoles. Un point étonnant est l'utilisation du gaz pour s'éclairer, se chauffer et pour remplacer l'électricité en général. Nous pensons que c'est le fait de ne pas être reliés (et donc dépendants) du monde extérieur qui rend l'utilisation du gaz possible, mais c'est malgré tout un bon élément de comfort.

Les murs des maisons sont verts, bleus, violets ou blancs, de même pour leurs vêtements qui reflètent ainsi les couleurs du ciel et de la nature marquant leur volonté de vivre en harmonie avec l'environnement.

Les enfants sont libres de quitter la communauté tant qu'ils ne sont pas baptisés, choix intervenant généralement entre 16 et 20 ans. L'engagement est alors total et abandonner le style de vie Amish après le baptême revient à être complètement exclu y compris par sa propre famille. Leur éducation étant focalisée sur les métiers de la ferme et de l'artisanat Amish, leur éventuelle intégration dans notre société en devient de toutes façons très difficile.


La classe Amish

Après la visite du village reconstitué, nous sommes allés nous perdre dans la vraie campagne Amish, entre les villages de Bird In Hand et Intercourse. Ici, pas de tourisme à outrance, juste la verte campagne et les routes davantage usées par les roues des buggys que par la gomme des pneus.


Les hommes portent un chapeau noir et conduisent les buggys qui sont équipés de feux clignotants !


Les femmes célibataires portent du blanc le dimanche

Vous ne verrez que peu de photos des Amishs de face car ils refusent d'être pris en photo, là encore par leur stricte interprétation de la Bible qui interdit de se mettre en avant d'une quelconque façon. C'est aussi la raison pour laquelle ils portent tous les mêmes vêtements avec les mêmes couleurs, toujours unies et sans fioritures.

Les hommes mariés se laissent pousser la barbe mais pas la moustache car celle ci leur rappelle les soldats qui les chassaient hors d'Europe il y a quelques centaines d'années. Il y a aujourd'hui environ 47 000 Amishs en Pennsylvanie, issus à l'origine de seulement 12 familles.


Un couple


Une grande ferme

Nous avons pris un repas dans un restaurant supposé reproduire le style de nourriture des Amishs. C'était très bon car vraisemblablement cuit différemment et "made from scratch" comme l'indiquait le menu, c'est à dire récolté et préparé sans passer par la case industrielle.

Après ce petit voyage bien réel dans un autre temps, nous avons pris le chemin du retour. Le moins que l'on puisse dire est que nous avons passé un week end très agréable et que nous avons vraiment été épatés de découvrir le mode de vie de ces gens si différents. N'hésitez pas à poser des questions en commentaire au cas où nous aurions oublié de dire des choses intéressantes !

Toutes les photos sont en diaporama ici et bien entendu sur notre galerie Picasa :

11 commentaires:

  1. C'est une manière extrême de vivre, dont on parle moins souvent que d'autres manières extrêmes de vivre (comme à LasVegas où certains essaient de se marier le plus de fois en une journée par exemple). De beaux trains d'époque, avec les fameux pare-buffles américains, et le réservoir pour réapprovisionner le tander, ça me fait penser à "Jouef" tout ça. Apparemment, les buggys sont soumis à la législation, ils ont des catadioptres et divers avertisseurs lumineux. Les Amish sont-ils indépendants ou bien ils payent des impôts, ils utilisent le dollar...?

    Alexis

  2. Les Amishs payent des impots sur le revenu mais pas de cotisations sociales ou de retraite car ils ne veulent pas beneficier d'aides externes.

    Ils utilisent bien sur le dollar et certains sont meme millionaires car leurs fermes sont parmis les plus productives des USA, sans tracteur et avec des methodes anciennes, un joli pied de nez !

    Alain Chautard

  3. Et ben bravo alors! C'est étonnant d'arriver à devenir millionnaire de cette façon, je pense que c'est parce que leurs types de produits ne sont pas concurrencés.
    Au fait, à Lancaster, qu'est-ce que certains avaient de louche?

    Alexis

  4. Il me semble que lors de la visite la dame a dit que celui qui est millionnaire travaille dans une banque donc c'est un peu moins etonnant.

    A Lancaster meme nous n'avons pas vu d'Amish mais plutot des gens pauvres qui vivent dans des ghettos. D'ailleurs les Amishs vivent certainement bien mieux que ces gens la avec moins de comfort.

    Adeline C.

  5. Quand je me suis rendue à Philadelphie la première fois , on m'a fait le surprise de m'y emmener. En les voyant , un mot , un film m'est venu à l'esprit: Witnees
    Les travaux de la terre qu'ils font avec aussi peut de moyen sont vraiment remarquables .

    Anonyme

  6. Oui, c'est moins étonnant du coup...

    Avec moins de confort mais une société où on se sent en harmonie avec les autres, on vie mieux.

    Alexis

  7. Oui, on a beaucoup a apprendre d'eux ! Il me semble aussi que les Amish ne croient pas au systeme d'assurance, donc pas d'assurance logement. S'il y a un incendie, c'est la communaute qui s'occupe de ceux qui se retrouvent a la rue. C'est quand meme plus humain !

    Je ne savais pas que c'etait la zone a Lancaster ! Strasburg c'etait sympa par contre.

    Estelle Tracy

  8. J'ai découvert votre blog via le forum de Philadelphie accueil... Nous allons partir en expat 2 ou 3 ans à... Lancaster !!! J'avoue que la description que vous donnez de la ville a de quoi refroidir... Avez-vous été du côté de Lititz, au Nord de Lancaster ? Si oui, qu'en pensez-vous ?

    Pem

    Anonyme

  9. Effectivement on a trouvé Lancaster pas tip top. Pour relativiser un peu, c'était le soir, on était fatigués et on pas restés très longtemps donc nous ne sommes peut être pas à 100% objectifs pour le coup.

    Nous ne connaissons pas le nord de Lancaster mais le pays Amish est lui très très joli. Bonne chance pour cette belle aventure qu'est l'expatriation!

    Alain Chautard

  10. Je suis vraiment très étonné par cette communauté. C'est impressionnant de penser que des gens ont le courage de vivre de cette manière. Je pense qu'ils sont heureux comme cela et c'est très bien tant que ce mode de vie reste un choix.

    Lorsque l'on pense aux stress que nous subissons, ils ont la solution je pense.

    Unknown

  11. hello,
    je découvre ton blog via celui de Stéphanie, et là je tombe sur ta visite au pays des Amishs, et bien figures-toi que j'y habite (enfin pas en ce moment problème de visa). Moi j'habite à Lititz.
    Florence

    Anonyme

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